Vous trouverez ci-dessous un article plutôt bien fait et complet à propos de la crise que traverse le secteur automobile particulièrement en Europe où les analystes estiment que les capacités de production seraient 30 % supérieures aux besoins. Comme chacun sait, le site PSA d'Aulnay-sous-Bois est l'objet de toutes les spéculations quant à sa fermeture éventuelle. Elus et syndicats semblent organiser la mobilisation avant l'échéance présidentielle de 2012. Pour mémoire la dernière grande usine automobile a avoir mis la clé sous la porte est celle de Renault à Billancourt. C'était il y a une vingtaine d'années...
PARIS, 10 novembre (Reuters) - Syndicats et élus locaux redoubleront d'efforts la semaine prochaine pour arracher à PSA Peugeot Citroën des engagements sur l'avenir des usines d'Aulnay et Sevelnord avant l'élection présidentielle.
Le maire d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) reçoit jeudi les syndicats du groupe automobile en prévision d'un comité central d'entreprise qui s'annonce mouvementé mardi prochain. PSA doit y présenter le volet français des 6.000 suppressions d'emplois programmées en Europe en 2012 dans le cadre d'un nouveau plan d'économies destiné à compenser la baisse de ses ventes de petites voitures sur le continent.
Quant au préfet du Nord, où est implanté l'usine Sevelnord d'Hordain, il installera le 18 novembre une cellule de suivi et d'anticipation industrielle pour ce site, comme annoncé par le ministre de l'Industrie Eric Besson. Le lendemain, syndicats et élus manifesteront ensemble à Valenciennes. "Tout n'est pas joué, il reste sept mois pour agir", déclare Pascal Lucas, représentant du syndicat CFE-CGC à Sevelnord. "Notre marge de manœuvre va jusqu'à l'élection présidentielle d'avril-mai, d'autant plus que le calendrier électoral coïncide avec le planning industriel du site."
Selon lui, PSA doit en effet décider d'ici l'été à quelle usine il attribuera son futur utilitaire dont le nom de code est K Zéro. "Sevelnord est en compétition avec Vigo, en Espagne, et nous pensons que le choix sera annoncé au lendemain des élections. L'objectif est d'agir avant", explique-t-il.
L'ARITHMÉTIQUE IMPLACABLE DES ANALYSTES
L'usine nordiste, qui emploie 2.800 personnes, a vu son avenir s'assombrir depuis que Fiat, cofondateur du site avec PSA, a décidé au printemps de ne pas renouveler dans six ans son partenariat avec son concurrent français.
L'avenir d'Aulnay (3.800 personnes) est suspendu lui aussi à l'attribution d'un nouveau modèle pour succéder à la Citroën C3, ce qui est loin d'être acquis dans l'hypothèse d'une montée en puissance du site de Poissy (Yvelines), où une équipe de nuit a été instaurée en février quatre mois après la suppression des trois-huit à Aulnay. "La direction nous convoque de réunion en réunion, mais essentiellement pour gagner du temps sur le calendrier", estime Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de l'usine. "Nous sommes convaincus qu'à partir de juillet 2012, la direction n'aura plus aucune raison de ne pas se lâcher et que ce sera une hécatombe en termes d'emplois."
A ces craintes, PSA répond qu'aucune fermeture d'usine n'est d'actualité, qu'Aulnay produira encore des C3 en 2014 et que le programme d'usine de Sevelnord est assuré jusqu'en 2017.
Mais la rechute des ventes de citadines depuis la fin des primes à la casse a reposé crûment la question des surcapacités en Europe, où le marché est attendu au mieux stable en 2012.
"L'excès de capacité sur le continent est considérable, supérieur à 30%", commente Kristina Church, analyste du secteur chez Barclays Capital. "Vu le climat politique et économique du moment, fermer une usine est un sujet très difficile, très sensible. Les constructeurs français ont réussi jusqu'à présent à rationaliser leur production en fermant certaines lignes et à réduire leurs effectifs grâce aux départs naturels, mais le problème reste structurel pour la filière européenne."
L'arithmétique des analystes est implacable. Les 30% de surcapacités signifieraient que PSA et Renault ont chacun quatre usines de trop sur les 13 sites d'assemblage qu'ils comptent tous deux en Europe de l'Ouest - pour moitié en France -, en Europe de l'Est et en Turquie. Or, sur ce total, les plus menacés ne sont pas les sites à bas coûts.
"Je ne veux pas croire que PSA attende l'après-présidentielle pour annoncer une fermeture", déclare Christian Lafaye, délégué Force ouvrière. "Mais c'est l'avenir de tout l'appareil de production des petites voitures en France qui m'inquiète. Aux politiques d'y répondre pendant la campagne."
BILLANCOURT, DERNIER GRAND SITE À AVOIR FERMÉ
Cette inquiétude est moins palpable chez Renault depuis que le groupe au losange a pérennisé - au moins jusqu'en 2016, horizon de son dernier plan stratégique - la plupart de ses usines françaises. A l'exception du petit site Renault Sport de Dieppe (Seine-Maritime) où une réflexion est toujours en cours, toutes les usines se sont vues attribuer de nouveaux projets. Au prix parfois d'une petite révolution: Sandouville (Seine-Maritime), à l'avenir un temps incertain, héritera du nouveau fourgon Trafic mais perdra le haut de gamme du groupe.
Alors que les trois grands constructeurs américains auront fermé aux Etats-Unis et au Canada pas moins de 57 usines et supprimé plus de 100.000 emplois entre 2005 et 2012, seuls deux sites ont mis la clé sous la porte en Europe dans le sillage de la crise de 2008-2009 : l'usine Opel (General Motors ) d'Anvers, en Belgique, et l'usine Fiat de Termini Imerese, en Sicile.
En France - où l'on dénombre 14 grands sites : six pour Renault, six pour PSA, un pour Toyota et un pour Smart (Daimler ) -, la dernière fermeture d'ampleur remonte à près de vingt ans. Il s'agissait du site historique de Renault à Billancourt (Hauts-de-Seine), dont la toute dernière voiture, une Supercinq, était sortie fin mars 1992, devant les caméras de télévision.
Depuis, les constructeurs français se sont bien gardés de recourir à une telle extrémité, préférant fermer des sites à l'étranger : Vilvoorde, en Belgique, pour Renault en 1997, et Ryton, au Royaume-Uni, pour PSA dix ans plus tard.
A l'époque, le directeur des relations avec la presse de Peugeot outre-manche s'appelait Jonathan Goodman, récemment promu directeur des relations avec la presse du groupe PSA.
Source : Gilles Guillaume http://fr.reuters.com