Publié le 18 Janvier 2014
Il les a installées dans le plus bel endroit du jardin. Nichées sur une petite terrasse dominant les toits montreuillois, les abeilles de Rémi sont, à défaut d’être toutes des reines, traitées comme des princesses. Voilà un an que ce quadragénaire, salarié dans une entreprise de La Défense (Hauts-de-Seine), s’est lancé dans l’apiculture du dimanche. Un passe-temps comme un autre selon lui. Mais un brin décalé tout de même. « C’est vrai que pour mes collègues, je suis un peu un original, sourit-il. Mais c’est une activité très agréable avec des enfants et lorsque je reçois des amis, je vois bien que cela intéresse tout le monde. »
Comme lui, ils sont près d’une centaine d’habitants de Montreuil à avoir installé des ruches dans un coin de verdure, sur un toit ou sur un balcon. En Ile-de-France, l’élevage de demoiselles jaunes et noires fait des émules depuis quelques années.
Une tendance en plein boom qui n’a pas échappé à Guy-Noël Javaudin, le responsable du rucher école de Montreuil, lancé il y a deux ans. Pour ses cours annuels, destinés aux futurs apiculteurs amateurs, l’éleveur d’abeilles enregistre une soixantaine d’inscrits. « Les écoles de la région parisienne ne sont pas assez nombreuses et sont en général surchargées, explique-t-il. Du coup, certaines nous renvoient des clients. » La botte secrète de Guy-Noël? Ses « journées découvertes », destinées aux familles. A chaque session, des dizaines de Parisiens fuient la capitale pour venir butiner les bases de l’apiculture dans le quartier de La Boissière.
Mais qui sont ces férus de petits insectes piquants? Des bobos? Cela fait sourire Rémi. Dans son jardin, les trois ruches ont trouvé leur place entre les poules qui picorent dans un poulailler et le petit potager médiéval. « J’aime tout ce qui permet de faire les choses soi-même, admet-il. J’ai pu récupérer de la cire pour faire des bougies avec mes enfants. Et, dès la première année, j’ai même réussi à faire un miel divin! » Six kilos en trois récoltes pour ce débutant qui a pourtant multiplié les « galères », comme il dit.
Un essaim qui quitte le bercail, une reine qui fuit la ruche, des abeilles agressives : Rémi assure qu’il a eu « la totale » pour sa première année. Mais pas démotivé pour autant, il attend avec impatience le printemps pour les futures récoltes. « L’an prochain, je compte bien récupérer aussi le pollen pour en mettre dans les céréales, le matin, ou dans les salades », imagine-t-il. Mais d’ici là, Rémi va devoir rester vigilant. Pour que ses petites protégées passent l’hiver bien au chaud.
Source : Le Parisien